C’est la maladie qui détruit le système d’attachement de la dent à la mâchoire.
Contrairement à une idée reçue, les dents ne sont pas tenues en place par l’os et la gencive. Il n’y a pas de lien direct entre la racine et l’os. Ce qui s’interpose entre ces deux structures, c’est un tissu souple et très fin que l’on appelle le ligament parodontal. Sa fonction première est d’ancrer les dents à la mâchoire, grâce aux fibres de collagène qu’il contient.
Le ligament parodontal permet aussi une relative liberté de mouvement de la dent dans son alvéole, ce qui est essentiel pour que notre dentition puisse fonctionner de façon optimale lors de la mastication. Il peut absorber des forces excessives, comme celles générées par les grincements de dents.
C’est aussi ce ligament qui permet tous les déplacements dentaires, qu’ils soient orthodontiques ou naturels. Ainsi, un implant dentaire, ne possédant pas de ligament et étant “soudé” directement à l’os, sera toujours immobile même si on devait lui appliquer des forces.
Le ligament parodontal a aussi une fonction protectrice : Si un petit caillou venait à se glisser entre vos dents lors d’un repas, les récepteurs nerveux qu’il contient déclencheraient un réflexe qui vous ferait aussitôt ouvrir la bouche. Avec un implant, on ressent donc moins bien la texture des aliments.
Pour mieux comprendre, imaginez un instant que ce ligament soit une sorte d’attache scratch ou Velcro® : Une bande tapissant toute la surface de l’alvéole et l’autre s’insérant sur la couche externe de la racine.
Ce système de fixation sophistiqué fonctionne très bien tant qu’il reste isolé d’un milieu buccal nocif (bactéries, pH, etc.). C’est la gencive qui va agir comme barrière de sécurité contre tout type d’intrusion en profondeur. Elle sertit les dents au collet par une sorte de liaison forte avec la surface d’émail, formant un joint étanche qui assure l’intégrité des tissus situés au-delà : os, ligament, etc.
C’est un peu la même idée que le pourtour des ongles : si le joint avec la peau est rompu, vous risquez d’avoir un panaris !
C’est toujours la plaque dentaire. La plaque dentaire est cette espèce de couche blanchâtre et gluante qui se forme sur vos dents quand vous ne les brossez pas méticuleusement matin et soir !
C’est un biofilm, comme les dépôts qui se forment sur les parois d’un aquarium mal entretenu : une matrice visqueuse composée surtout de protéines secrétées par des bactéries qui se protègent à l’intérieur.
La plaque dentaire est un peu comme le lierre qui recouvre la façade d’une maison.
Elle se forme sans arrêt sur vos dents. Dès que vous avez fini le brossage, elle se redépose déjà !
Un peu comme Sisyphe qui doit à l’infini remonter son rocher sur la colline, nous sommes condamnés à devoir nous laver les dents à intervalles réguliers toute notre vie.
Elle se forme dans tous les cas, même si nous ne mangeons pas. Si vous ne vous brossez pas les dents pendant au moins 24h, vous pourrez peut-être la voir, vers la gencive, en raclant la surface d’une dent avec un instrument fin.
Si on la laisse se développer tranquillement, après trois jours, la plaque commence à se calcifier et devient alors du tartre, qu’il n’est plus possible d’enlever simplement avec une brosse ou le fil dentaire. Seul le dentiste ou l’hygiéniste pourra le faire.
Les dérivés de la nicotine présents dans le sang des fumeurs réduisent l’apport sanguin dans les tissus en rétrécissant le diamètre des vaisseaux sanguins.
C’est justement le sang et tous les produits bénéfiques qu’il contient qui permettent de lutter efficacement contre des agressions externes comme la plaque dentaire.
Le tabac entraîne également un état inflammatoire chronique général de faible intensité par la création de radicaux libres. Cela explique aussi pourquoi les gros fumeurs cicatrisent mal.
Cependant, si vous êtes fumeur et que vous avez une excellente hygiène buccale, vous n’avez pas plus de chance de développer une parodontite que la moyenne.
La parodontite n’est pas une maladie génétique à proprement parler, car il n’existe pas un gène unique responsable, comme c’est le cas pour l’hémophilie.
Il n’y a que des gènes de susceptibilité, chacun capable de perturber une phase précise du fonctionnement normal du corps.
Par exemple, un gène peut affecter la réponse immunitaire ou la composition de la salive, favorisant ainsi la progression de la gingivite en parodontite.
Certaines études estiment que dans un cas sur deux, la parodontite est liée à un gène. Si vous possédez un gène susceptible de vous rendre sensible à la parodontite, cela signifie que vous devrez redoubler d’efforts pour maintenir une bonne hygiène buccale afin de prévenir la maladie.
La présence de couronnes ou d’obturations dentaires mal ajustées peut créer des surplombs où les bactéries se cachent. Ces problèmes iatrogènes sont fréquents en dentisterie.
L’hygiène dentaire est plus difficile dans ces zones créant des recoins, ce qui facilite la rétention de la plaque dentaire.
Comme ceux observés pendant la grossesse, le cycle menstruel ou la prise de contraceptifs.
Par exemple, la phénytoïne (un antiépileptique) et les antagonistes du calcium tels que la nifédipine, utilisée pour traiter l’hypertension artérielle, peuvent entraîner une prolifération de la gencive si l’hygiène n’est pas adéquate. De plus, certains psychotropes provoquent une sécheresse buccale, favorisant ainsi le développement des maladies de la bouche.
Toute condition affectant l’immunité, telles que les maladies auto-immunes (polyarthrite rhumatoïde, diabète, maladie de Crohn), les maladies du sang (comme la leucémie), et le stress psychosocial.
Infections virales et fongiques, telles que le sida, l’herpès ou la candidose.
Substances récréatives, comme la marijuana et le vapotage.
Obésité et carences alimentaires, notamment en vitamines C (scorbut) et D (rachitisme).
Tout commence par la plaque dentaire, qui déclenche une réaction inflammatoire au niveau du bord de la gencive, juste là où elle se fixe autour des dents.
Normalement, l’inflammation est une réaction bénéfique du système immunitaire, qui vise à éliminer une agression au niveau des barrières naturelles de l’organisme, telles que la peau et les muqueuses.
Cependant, ici, la réaction inflammatoire n’arrive plus à assurer cette fonction protectrice, car les bactéries responsables sont situées sur la dent, donc en dehors des confins de notre organisme.
Ces éléments toxiques ne peuvent pas être dissous ou drainés par les vaisseaux sanguins et lymphatiques. Avec le temps, l’agresseur ne pouvant être éliminé, l’inflammation se perpétue.
Le joint gingival, normalement ferme et étanche autour du collet de la dent, se relâche, puis se désagrège, ne pouvant plus assurer l’intégrité des tissus sous-jacents ni opposer de résistance à l’invasion des bactéries.
Petit à petit, les fibres du ligament parodontal se désagrègent, et plus tard, l’os le long du ligament est également attaqué.
Dans ce processus, la zone d’attachement gingival se retire progressivement le long de la racine. Vous ne vous apercevez de rien car c’est indolore et la gencive reste plus ou moins au même niveau autour du collet de la dent. Il se forme une poche parodontale où se logent des bactéries et du tartre sous-gingival.
La gingivite est le premier stade du problème et précède toujours la parodontite. Il s’agit d’une inflammation superficielle de la gencive autour de la dent.
À ce stade, il n’y a pas encore de brèche au niveau de l’attachement gingival, ce qui rend la gingivite réversible.
Si la plaque dentaire est retirée correctement, la gingivite disparaît en quelques jours. Cependant, si la plaque est laissée en place, l’inflammation peut progresser en profondeur, entraînant la destruction de l’os et du ligament, et c’est là qu’on parle de parodontite. Les dégâts sont alors irréversibles.
Les symptômes apparaissent tardivement. L’évolution de la parodontite est sournoise car elle est souvent indolore pendant des années, ce qui retarde la consultation et le traitement.
La douleur n’apparaît qu’à un stade avancé, souvent accompagnée d’un ou plusieurs des signes suivants :
C’est la phase initiale du traitement qui consiste en un nettoyage profond pour supprimer l’inflammation. Il est indispensable ici d’effectuer une anesthésie locale. Il s’agit de placer dans la poche parodontale, sous la gencive donc, des instruments à main et à ultrasons pour y retirer la plaque dentaire et le tartre. On fait un surfaçage de la racine qui consiste à enlever une fine couche superficielle polluée par les bactéries et leurs toxines. Ce curetage, accompagné d’une excellente hygiène à la maison, permet à la gencive de guérir et de se réattacher à la racine: 8 à 10 semaines après, les poches sont moins profondes et certaines même disparaissent.
Il s’agit de la deuxième phase de votre traitement.
Après au moins 2 mois, le Dr.Gaumet va évaluer la réponse de vos gencives à la première phase. Si vous faites preuve de motivation, que vos habitudes d’hygiène s’avèrent irréprochables, et qu’il vous reste des poches résiduelles dans certaines zones, alors vous êtes un(e) bon(ne) candidat(e) pour cette procédure peu invasive.
Le problème avec les poches qui mesurent plus de 3mm est qu’elles ne peuvent tout simplement pas être maintenues parfaitement propres, même par l’hygiéniste Les études montrent que toutes ces techniques qui visent à mettre ou injecter un désinfectant dans la poche ne servent à rien. Tout au fond, il reste une multitude de composés toxiques qui induisent l’inflammation; ce qui va provoquer une rechute de la maladie parodontale, en tous cas chez les sujets susceptibles.
Le but de cette chirurgie parodontale mineure est donc d’éliminer les poches, pour recréer un environnement qui permette le meilleur entretien possible de la zone sur le long terme. Vos soins, chez vous et l’entretien régulier chez l’hygiéniste, n’en seront que facilité!
Les poches disparaissent par ré-attachement de la gencive ou du ligament sur la surface de la racine.
La procédure elle-même consiste, après anesthésie locale, à éloigner gentiment la gencive de la dent, un peu comme si l’on ouvre le rabat d’une enveloppe. Un accès direct en profondeur est rendu possible, on peut alors retirer le tissu malade et les produits bactériens toxiques de la surface de la racine. C’est particulièrement important au niveau des molaires qui possèdent plusieurs racines, chacune avec une surface tourmentée ou les bactéries peuvent se cacher facilement.
Il faut savoir aussi que la réaction inflammatoire entraîne très souvent une érosion de l’os qui devient crénelé et inégal Au lieu d’être plaqué contre la racine, il ne forme bientôt plus que le bord d’un cratère dans lequel se trouvait la poche! Pendant la chirurgie, à l’aide de petits instruments, le Dr.Gaumet va redonner une architecture correcte à cet os de façon à ce que la gencive, reposée par dessus et maintenue par des sutures, cicatrise selon un galbe qui va permettre un entretien facile de la zone, par vous-même et par l’hygiéniste Nous créons, pour ainsi dire, une structure “prêt-à-l’hygiene”!
La chirurgie permet aussi la greffe osseuse, à laquelle on a recours si la configuration des dommages s’y prête, comme c’est le cas pour le “cratère osseux” par exemple. L’os utilisé provient d’une autre zone de votre mâchoire ou alors nous l’achetons auprès de fournisseurs spécialisés Il ressemble un peu à du gros sel et une fois en place, il va se comporter comme une sorte échafaudage sur lequel votre os meurtri pourra se reconstruire.
Dans de très rares cas, nous utilisons en complément des facteurs de croissance qui stimulent les cellules souches mais il faut dire qu’en général, ceux-ci n’offrent que très peu d’intérêt clinique, et ils augmentent beaucoup le coût de la procédure
C’est la troisième phase, indispensable, de votre traitement. Après le traitement actif des 2 premières phases, il est fondamental de faire en sorte que la maladie ne revienne pas. Les patients qui ont connu la maladie parodontale courent toujours le risque de voir un jour un épisode inflammatoire se développer à nouveau dans certaines zones de leur dentition. Ces personnes doivent effectuer à intervalles réguliers des séances de maintenance parodontale chez l’hygiéniste, tous les 3 mois en général En effet, même si vos règles d’hygiène à la maison sont des plus “religieuses” possible, il est pratiquement impossible d’enlever toute la plaque dentaire dans les zones difficiles d’accès, telles que les surfaces anfractueuses de racine par exemple.
On ne guérit jamais “pour toujours” de la parodontite. Il est plus juste de dire qu’on est en rémission..
La visite de maintenance consiste en un nettoyage méticuleux sous la gencive, une évaluation de l’activité inflammatoire, puis un polissage des dents et une révision des techniques d’hygiène
Absolument!
Depuis une vingtaine d’année, nous savons que la maladie parodontale est susceptible d’avoir des répercussions sérieuses sur votre santé. C’est à présent un domaine de recherche très prometteur.
Sans traitement, la parodontite augmente votre risque de développer de l’athérosclérose par exemple Cela est vrai aussi pour le diabète, la maladie d’Alzheimer, la polyarthrite rhumatoïde, certaines bronchopathies et même certains cancers tels ceux du pancréas et de l’œsophage..
Il semblerait que la maladie parodontale, en tant qu’affection inflammatoire locale, soit capable de déclencher dans le corps tout un cortège de réactions dont le résultat final serait une trop grande concentration dans les artères de molécules médiatrices de l’inflammation, telles la C-réactive protein, ou CRP.
Cela peut avoir des conséquences funestes sur nos organes…